Le CCETT au CCITT : Différence entre versions
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Version du 14 février 2011 à 21:43
La participation du CCETT aux travaux du CCITT est semée de diverses anecdotes. Cette page est destinée à les recueillir.
Les conducteurs de mitrailleuses du département d'État
Les réunions d'un niveau suffisant se font avec traduction simultanée, l'UIT ayant 5 langues officielles : français, anglais, espagnol, russe et chinois. cette habitude destinée à préserver les susceptibilités nationales permet aux locuteurs de ces 5 langues de ne pas trop se fatiguer mais présente cependant des risques réels d'incompréhensions (misunderstanding) voire de quiproquos produisant de franches rigolades. Sauf si la victime de ce quiproquo est un citoyen étasunien, représentant le Département d'État et qui ressemble plus à un maffioso Chicagoan des années 30 qu'à un délégué en normalisation. James Barbely n'est certes pas Al Capone, même s'il en a le look... et son style d'humour évoque irrésistiblement celui qui provoqua la célèbre réplique "très spirituel" de some like it hot. Mais bon, nobody's perfect, n'est-ce pas?
En ce jour de 1978, une réunion du groupe spécial Vidéotex de la Commission d'Études VIII du CCITT se tien à Issy les Moulineaux, dans les locaux du CNET. Les traductrices sont en cabine. Un francophone, l'hélvète Romanens, skieur émérite par ailleurs, est chargé de présenter une contribution établie par 6 pays de la CEPT : "Je prie messieurs et madame les délégués de prendre le document numéro nonante deux et d'examiner la tabelle 3"... La discussion dérive sur les formats d'affichage. Les 40 caractères par rangée de texte sont sur la sellette : en Europe, les syndicats de constructeurs viennent d'adopter une proposition du SCART, le syndicat français, proposition connue partout sous le nom de SCART plug, sauf en France où on l'appelle prise Péritel. Cette connaxion directe permet de connecter le set top box décodeur de vidéotex au téléviseur en bande de base vidéo et non, comme cela se pratique depuis déjà quelque temps avec les premiers vidéo jeux, par la prise antenne, donc au niveau radiofréquence, codé et modulé. L'accès direct aux amplificateurs finaux des tubes cathodiques permet donc d'exploiter la pleine résolution de ces derniers.
Le chef de la délégation étasunienne prend alors la parole : 40 characters per row is too high for USA so far as we cannot reach directly the gun drivers". Sans hésiter, la cabine anglais-> français annonce "Le nombre de 40 caractères par rangée est trop élevé pour les États-Unis d'Amérique où il est actuellement impossible d'atteindre directement les conducteurs de mitrailleuses"
Éclats de rires nourris et immédiats dans les rangs francophones. Mr Barbely rougit et se fâche et la pause café n'a pas été de trop pour lui expliquer la nature du quiproquo, de l'hilarité et pour éviter un grave incident diplomatique. Pour un peu, on avait les chars US débarquant à Issy les Moulineaux et le directeur du CNET pendu haut et court comme un vulgaire potentat oriental.
Sœur Marie du Sacré Cœur de Jésus à Vandœuvre
Voilà Joe Dalton
En ce temps là... le concurrent le plus sérieux du système de Vidéotex français était le projet Canadien Telidon. Celui-ci fut vite adopté par l'opérateur étatsunien AT&T, pas encore coupé en rondelles par le réglementeur local, sous le signe imprononçable de NAPLPS (North American Presentation Layer Protocol Syntax : la version développée n'est guère plus compréhensible). Le champion de NAPLPS au CCITT était un sudiste blondinet du nom de Joe D. Wetherington. Un beau jour de 1982 dans les bâtiments de l'UIT à Genève où se tenait une réunion de la COM VIII (terminaux télématiques), nos yeux tombent sur une revue dans laquelle un article attire notre attention. Non pas pour le sujet (que j'ai depuis longtemps oublié) mais pour le nom de l'auteur : Joe Dalton Wetherington. Oui, c'était bien notre adversaire principal qui signait ainsi cet article, révélant par la même la signification de ce D. mystérieux que nous connaissions. Ainsi, le teigneux, comme on le considérait entre nous, s'appelait Joe Dalton!
Aucune hésitation : Hervé et moi, nous appelons le SEDE/RTM où Christiane sévissait alors et lui expliquons notre découverte : "envoie nous par fax à l'UIT STP des extraits caractéristiques de Lucky Lucke". Sitôt dit, sitôt fait : les fax arrivent chez Mme Subbioto, l'assistante de Lepesqueur, chef du service chargé du suivi de la COM VIII. Quelques coups de colle et de ciseaux (le couper coller avait encore un sens très physique) et nous apportons à l'ingénieur chargé de cette réunion, un débutant répondant au non de Houlin Zhao, un document temporaire de toute dernière minute. Il a fallu négocier un peu avec Houlin qui, s'appuyant sur le réglement, ne voulait pas le publier et le document joint (Temporary document 999-E) est distribué dans le pigeon holes juste avant la plénière.
Réaction de Joe : When I was in college, I was often joked about having the name of a famous convict but no more since then. And now, the hell, it comes back from these bloody frenchies"